Alors que les médailles olympiques sont massivement récoltées par les athlètes français.es la fiscalité s’est soudainement invitée dans le débat.
Initiée par un article du Parisien prodiguant des « conseils » pour éviter l’impôt, David Douillet, judoka émérite d’un côté et ancien ministre de Sarkozy de l’autre, jugea « honteux » que les primes récoltées par les médaillées puissent être soumises à l’impôt sur le revenu.Olivier Marleix, ancien chef de file des députés LR à l’Assemblée Nationale s’est empressé de lui emboîter le pas en proposant d’exclure des revenus imposables les primes versées aux athlètes médaillé.es
Progressivité de l'impôt sur le revenu
Solidaires Finances Publiques rappelle que l’impôt sur le revenu est un impôt fonctionnant selon un mécanisme de progressivité qui est, selon nous, encore insuffisant. Ainsi, les athlètes disposant des rémunérations annuelles les moins élevées paieront, sur les sommes perçues, moins d’impôts que les sportifs exerçant dans des activités, sportives ou non, plus lucratives. Une exclusion pure et simple de l’impôt sur le revenu des primes reçues aurait pour conséquence de favoriser avant tout les plus privilégiés des athlètes.
Pour Solidaires Finances Publiques l’emploi du qualificatif « honte » par David Douillet est inadmissible. Le principe de l’impôt et de ses vertus redistributives est que tout revenu entre dans le champ du calcul de l’impôt sur le revenu. Si des dispositifs d’exception peuvent exister et entraîner une exonération, la Cour Des Comptes avait elle-même alerté sur le nombre de « niches fiscales » grévant le budget de l’État à hauteur de 81,3 milliards par an. Par ailleurs, Solidaires Finances Publiques s’oppose aux logiques de baisses d’impôts comme outil d’augmentation du pouvoir d’achat alors que les inégalités dans la répartition des richesses ne cessent de se creuser.
Rien de honteux à contribuer au financement des services publics
Non il n’est pas honteux de voir des revenus intégrés aux sommes perçues sur l’année pour calculer l’impôt dû, non il n’est pas honteux de contribuer au financement des services publics, patrimoine de celles et ceux qui n’en n’ont pas. Il n’est pas une honte non plus que des sportifs, aussi méritants soit-ils, soient traités égalitairement avec l’ensemble des salariés qui percevraient également des primes suite à leur engagement professionnel. La rémunération des sportives et sportifs, pour celles et ceux exerçant des disciplines financièrement moins attractives, est un vrai sujet. Il ne saurait être évacué par la mise en place d’une énième dépense fiscale associée à un discours anti impôt de plus en plus insupportable. Le palmarès de David Douillet est suffisamment fourni, notamment par ses titres olympiques à Atlanta en 1996 et Sydney en 2000, inutile d’essayer de décrocher la médaille d’or du discours démagogique anti impôts.